Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad
Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO
Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris. Mohammad Salmawy, l’encre du Nil (11)

vendredi 15/octobre/2021 - 09:05
طباعة

Les causeries du vendredi à Paris

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris.

Mohammad Salmawy, l’encre du Nil (11)

 

Au milieu des années quatre-vingt-dix, l’Egypte bouillonnait d’activité médiatique.Des hommes d’affaires lançaient des journaux à succès comme al Chourouq et al Masriy al Yom. De même, l’Etat se mit à lancer de nouveaux journaux comme al Qahira al Yom puis Akhbar al Adab avec son fondateur disparu Gamal al Ghitani (dont nous avons parlé dans un article précédent) , et al Ahram Hebdo avec son créateur, le journaliste et écrivain Mohammad Salmawy. C’est à partir de là que j'ai commencé à faire sa connaissance à Paris.

En fait, les Parisiens de longue date comme moi s’imaginent que personne ne connaît les secrets et mystères de Paris comme eux. Mais vous êtes surpris par le fait que Mohammad Salmawy connaît aussi bien que vous  et peut-être mieux, ses bâtiments, son histoire, sa littérature et sa musique. Il parcourt les ruelles de Paris et les marchés d’antiquités, dont il connaît les dates tout au long de l’année, et il fréquente ses théâtres pour pour livrer l’essentiel de son périple dans des articles riches en culture et raffinement de l'esprit , publiés dans le quotidien al Ahram puis traduits en français dans l’Ahram Hebdo.

A son tour, Paris connaît parfaitement Mohammad Salmawy depuis que sa célèbre pièce de théâtre « al Ganzir » , (les chaînes) a été jouée dans ses théâtres, alors que l’Egypte était endeuillée par les attentats terroristes des années quatre-vingt-dix , etc depuis que la grande maison d’édition Lattès a publié ses dialogues avec Naguib Mahfouz sous le titre « Mon Egypte », avant que les traductions de ses romans ne se succèdent dans d’autres maisons d’édition.

Lors de mes visites au Caire, il m’invitait à assister à la réunion du conseil de rédaction d’al Ahram Hebdo, avant de m’inviter dans sa belle propriété de la banlieue d’al Maadi, où il donnait à son invité l’occasion de parler avec lui des tableaux qu’il avait acquis dans les capitales d’Europe, ainsi qu’avec son épouse, la grande peintre Nazli Madkour, (dont la dernière grande exposition en France eut lieu à Versailles en 2005) .

lorsque mon éditeur français, Le Rocher, voulut publier la dernière oeuvre du prix Nobel égyptien Naguib Mahfouz « Ahlam Fatrat al Niqaha » (que publiait en épisodes, la revue d’al Ahram « Nusf al Dunya », Salmawy saisit alors l’occasion de ma ma présence au Caire pour me présenter a  Mahfouz. Ce dernier accueilla avec joie ce projet. Je fis la traduction et Salmawy écrivit une riche préface.  Le livre connut un immense succès en France sous le titre de « Les Rêves de convalescence ».

Et bien que Salmawy – comme Louis Awad – maîtrise l’anglais, ainsi que sa culture sa  littérature a, « l'attirance de Paris était plus fort que lui (comme elle l'était pour nous) .

 

Celui qui suit ses dernières publications, qui sont des parties intéressantes de son autobiographie, découvre que la vie de cet homme se confond avec la vie de sa patrie pendant le siècle qui s’est écoulé, et qu’elle s’étend, s'abreuvant du Nil, pour embrasser  tout les  domaines du journalisme, de la littérature et de l’art, comme si le Nil  alimentait de son encre la plume de Salmawy . Avec ce don  l’âme de notre écrivain n'en finit pas de nous émerveiller.

"